donderdag, augustus 09, 2007

Matthias Storme: "Qui veut divorcer?" (Quatre questions aux leaders d'opinion)

le Soir 9 augustus 2007.

Le « non » francophone agace ou irrite franchement la Flandre. Pourquoi ? Notre journal a interrogé des Flamands qui comptent. Décoiffant.
Deux éditorialistes parmi les plus écoutés, deux universitaires très consultés et deux responsables en vue du monde économique. Le panel de « leaders d'opinion » réuni par la rédaction du Soir n'a pas été constitué de manière scientifique. Mais il nous semble assez représentatif des « gens qui comptent » au nord du pays.
Tous suivent de près les négociations en cours pour la constitution d'un gouvernement. Ils observent la méthode Leterme. Ils ont des idées bien ancrées sur l'évolution du pays. Ils s'agacent du « non » francophone face aux velléités flamandes de percée institutionnelle, mais veulent aussi rassurer. Et parfois, sans langue de bois, ils disent leur irritation voire leur colère à l'égard du mur du refus incarné par MR et CDH.
Ce que pensent et ce que disent ces intellectuels doit être entendu. Peu ou prou, leur discours charpente les arguments développés par les négociateurs flamands. Autant savoir, donc.

Matthias Storme: "Qui veut divorcer?"

Q : Pourquoi les francophones vous agacent à dire non (aux réformes institutionnelles) ? Sont-ils stupides de dire non ? Pourquoi ?
R : J'ai de plus en plus l'impression que les francophones veulent… la séparation ! Pour atteindre ce but, continuer à dire « non » est peut-être la meilleure tactique. Plus longtemps on dit « non », plus montent les chances d'une séparation. En plus, ils croient probablement que la durée fera monter le prix de la séparation, disons le montant de la « contribution alimentaire » ; qu’elle permettra d'obtenir des conditions de séparation plus avantageuses. Quant à ce dernier point, je ne crois pas que ce calcul soit fondé. Evidemment, je lis et j'entends que les francophones restent très attachés à la Belgique. Pourtant, je crois qu’ils rêvent d’une une Belgique essentiellement sans néerlandophones, ou au moins les réduisant à une (petite) minorité. Il n'y a pas non plus de volonté de vivre en commun de façon « colour-blind » (NDLR : en choisissant d’être « aveugle » aux différences). Le mot Belgique a pour les francophones plus ou moins la même signification que le mot Flandre pour les flamands : une terre propre ayant sa propre culture dominante (néerlandophone en ce qui concerne la Flandre, francophone en ce qui concerne la vision francophone de la Belgique). Il est possible que je me trompe, et que les francophones souhaitent réellement une fédération de deux peuples qui fonctionne bien, comme un vrai Etat fédéral. Mais ce sont des gens intelligents, et leur méthode aura l'effet contraire, donc je ne peux pas le croire. Et pour avoir un Etat fédéral qui fonctionne bien, il faut le réformer.

Q : Pourquoi, selon vous, serait-il raisonnable pour les francophones de dire oui, et sur quoi, sans renoncer à l'essentiel (solidarité,...)?
R : Il serait raisonnable de dire « oui » parce qu'une solution négociée sera plus avantageuse pour les deux grandes communautés qu'une rupture sans accord. Une rupture sans accord pourrait causer de sérieuses pertes économiques pour les deux communautés, et le plus pour celle qui est déjà économiquement plus faible. Evidemment, si le but n'est pas de se séparer mais de maintenir une fédération qui fonctionne, il est encore plus nécessaire de dire « oui ».
Q : Cette réforme de l'Etat, est-ce une étape avant le séparatisme ou l'objectif final n'est, selon vous, pas le séparatisme? Quelles raisons pouvez-vous donner aux francophones de vous croire ? Et comprenez-vous qu'ils n'aient pas confiance?
R : Si le but de la majorité flamande d'aujourd'hui était la séparation totale, elle l'aurait déjà forcée.

Q : Objection : il y a Bruxelles… Imaginons que la Flandre demande la séparation, que fait-on de Bruxelles, région très majoritairement francophone ?
R : La Flandre n'aura vraisemblablement pas les moyens ni même la volonté d'en faire une partie intégrante de la Flandre, mais assez d'atouts pour négocier le maintien de ses compétences qui y existent maintenant. Mais pour continuer votre question précédente:
lLe fait que les flamands n'usent jamais leur majorité simple, au moins pas dans des dossiers d'une certaine importance, démontre bien que jusque maintenant, ce n'est pas l'intention de la majorité flamande. Evidemment, l' « objectif final » varie de personne à personne. Il n'y a pas « un » objectif final des Flamands. Et même pour ceux pour qui la séparation est un objectif, ce n'est pas l'objectif final. Un Etat flamand ou wallon n'est pas, pour ses partisans, une valeur en soi, mais un moyen pour d'autres atteindre buts humains, économiques, culturels.

Q : Etes-vous déjà déçu par Yves Leterme, obligé de rechercher des compromis?
R : Non. Mais évidemment, the proof of the pudding is in the eating.

Matthias E. Storme
professeur de droit à la KU Leuven,

3 opmerkingen:

Unknown zei

Et pour les Flamands, la même chose...

Unknown zei

Na "niets vragen is veel eisen" van Bart De Wever komt Matthias Storme tot de conclusie dat het de Franstaligen zijn die een splitsing van België wensen. Fantastisch...

Marc Vanfraechem zei

@Frédéric: niet "wensen" doen de franstaligen die splitsing, maar splitsing zal wel het resultaat zijn van hun visie op de staat België, die essentieel francofoon moet blijven, met een soort wingewest erbij dat weliswaar "Vlaams" mag blijven spreken, maar dat op elk moment bereid moet zijn om bv grondgebied af te staan, én dat nooit nog zijn democratische meerderheid mag gebruiken, want zoiets gaat in tegen de francofone mensenrechten.

 
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